Entretien avec Nicolas Bonnal

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Tout d’abord merci pour votre soutien cher camarade, j’oublierai pas votre geste !
Dans les années 90 vous étiez déjà très critique sur Paris et la France en général, 30 ans plus tard,
quel regard portez-vous sur la nation des droits de l’homme ?
Terre de la république et des lumières la France a toujours un train d’avance vers le néant ; c’est ce que j’ai expliqué dans mon Coq hérétique. Tout ne fait bien sûr qu’empirer : je dis cela vu de loin maintenant, et ce depuis longtemps (25 ans tout de même), même si hélas le maléfice froncé est frappé d’ubiquité par le web dont j’ai dit ailleurs tout le mal (et le bien) que je pensais. Ce qui frappe d’ici en ce moment c’est la furie du complexe médiatique gouvernemental froncé : il est démentiel et disons-le unique-inique au monde. Tout pays est un oasis de liberté comparativement.
Hélas… La France a dit Augustin Cochin (notre penseur politique le plus important avec Taine et Tocqueville) vers 1900 est le pays de la Terreur sèche pratiquée durant tout le Siècle dit des Lumières. On a déjà à cette époque liquidé la parole de droite. La grande époque de ce pays fut la Restauration à laquelle je ne cesse de rendre hommage : Chateaubriand, Balzac, Vigny, Tocqueville ont tout compris avant les autres. A partir de 1870 on entre dans le fanatisme républicain couplé à la France prostrée décrite par Drumont. Une minorité timbrée dicte sa loi à un troupeau de moutons. Il restait des bribes de liberté et des esprits libres bien sûr, des moments plus éveillés. Mais la déchéance logique de la cinquième république, bien pressentie par Audiard, vient à bout de toutes les libertés en France avec une dictature présidentielle qui a enfin pu dépasser les différences de la droite et de la gauche. Il n’y a plus de dialectique depuis l’Europe et Macron et on est dans la dictature du centre, du marais, marais qu’on espérait chez les bourgeois depuis la Révolution Française. Les clowneries abjectes de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche soulignent plus qu’elles ne la contestent cette dictature présidentielle. On attend avec émerveillement donc la réélection de Macron cet automne ou en 2027. Le pays sinon est entré dans une phase définitive,
totale et comique (car inconsciente) de déchéance matérielle, psychologique et intellectuelle : et les râleurs twittent pendant que les rares lecteurs lâchent un texte avant la minute écoulée. J’invite
chacun à en tirer les conséquences qui s’imposent au lieu d’attendre un énième messie ou la fantastique, prométhéenne et si imprévisible réaction du peuple souverain. A vos rangs, prêts, partez.
En France la répression se fait de plus en plus forte contre les voix dissidentes, j’en fais d’ailleurs l’expérience pour la deuxième fois. Quel œil portez-vous sur ces affaires ?
Oui et non : la république a la main dure mais on a aussi l’habitude en haut lieu de tolérer les râleurs (ceux qui ne nous tuent pas nous rendent plus forts !) et je trouve que tout le monde insulte le président ou presque, que tout le monde l’ouvre à tort et à travers et que le système n’est pas si dur en fait. On tape bien sûr toujours sur les mêmes à cause du même sujet : les chambres à gages (sic). Eh bien il faut l’éviter, sinon boum. Tant pis pour ceux qui ne comprennent pas ou ceux plus vicieux (j’en ai connus) qui jouent à la provocation et qui révèlent une propension SM au martyre. Le cas sinon du reniement national ne doit étonner personne : je ne soutiens pas Asselineau mais il a fait remarquer que la moitié des incriminés n’ont pas fait appel. On sait quelle rente cette nouvelle tribu nationaliste retire de son activisme européen et parlementaire. Céline a tout dit de nos tribus nationalistes et même Drumont avait fini par comprendre – avant de bénir comme tout le monde le
génocide blanc de 1914 annoncé par l’américain Jordan dans son Empire invisible.
Pour le reste la tyrannie politico médiatique est la même que celle que nous avons connue dans les années 80, sauf qu’elle s’est renforcée et étendue à tous les sujets (sexe, race, écologie, numérique, féminisme, économie surtout promise à une radicale destruction, etc.) comme dans son pays-modèle ploutocrate et bolchévique, les Etats-Unis d’Amérique. Le libérateur Trump est d’ailleurs en train
d’exterminer ce qui reste de liberté là-bas pour défendre son pote Bibi, ses copains milliardaires ou son exception ubuesque américaine. Le système totalitaire mondialiste et apocalyptique (666) utilise
là-bas la droite pour achever la liberté et l’économie quand la gauche n’y suffit plus. Trump a toutefois un charisme de bistrot. Les idéalistes ramassent ses miettes.
Jean-Marie Le Pen nous a quittés en janvier dernier. Que pensez-vous de ce Menhir de la politique ?
Personne ne l’a critiqué : je vais donc me sacrifier un peu car c’est à lui qu’on doit la fille et le reste du reniement national. Et la crise a commencé dans les années 90 quand il est apparu que tout était foutu, mais totalement, en France et ailleurs en occident. Une mutinerie type Bounty éclata comme on sait. Je l’avais baptisé chez Beketch (il lisait mes chroniques, mais mon plus grand fan c’était Bruno Gollnisch bien mis à l’écart) de roi Lear car il s’est trompé de fille comme le vieux roi. Il a été impitoyable et une épuration a commencé qui a totalement châtré le parti et ce qu’il représentait : ses valeurs historiques, traditionalistes, colonialistes, le culte du drapeau, du devoir et de la liberté. Avec vingt ans de retard l’électorat bovin va découvrir sa condition de cocu.
Je l’ai sinon connu (j’ai sa lettre de 2011 où il me demande d’être candidat !), par intermittences et intensément sur le plan intellectuel mais pas politique. Il avait fait souffrir trop de mes amis rebaptisés félons ! L’homme était remarquable comme le dit Brigitte Bardot dans ses Mémoires (voyez ma Damnation des stars pour voir la grande quantité de stars politiquement incorrectes du
temps jadis, rockers compris) : intelligent, humoriste, cultivé, bel esprit, grand grammairien, manieur de verbe. Problème : on ne pouvait pas en placer une (c’est comme avec Boudard ou Lugan !) et aussi il suivait son instinct et une bonne étoile qui comme toutes les bonnes étoiles avait ses limites.
Freud parle dans une phrase que j’adore du narcissisme psychique qui se heurte à la protestation de la réalité… Voyez Trump, Poutine et les autres.
Ses limites faisaient aussi partie de son génie qui n’a fait que baisser (pas dramatiquement, mais
régulièrement) depuis le milieu des années 80. Sur le fond il savait qu’il était venu trop tard et il a globalement été inutile (Gilles Lipovetsky avait bien compris pourquoi alors : triomphe du cool, du nihilisme et du ludique). On le sent dans le premier et excellent tome 1 de ses mémoires si bien écrites : il dit lui-même texto qu’il aurait dû être candidat à la place de Tixier en 1965 quand le pays
était beaucoup plus sain (sic). C’est à la page 347 de son livre édité par mon ami des 4 vérités Thieulloy. Le deuxième tome à l’image des pitoyables décennies écoulées finit pas n’être que bris de
phrases, gueulantes, coup de grisou et invectives, notamment contre le pauvre Florian ! On comprend qu’on assiste à une longue défaite, à un LONG COMBAT INUTILE plutôt. Castelnau a remarqué que le RN ne s’oppose plus en rien à cette société, que c’est l’élite qui s’oppose au RN pour rester au pouvoir en excitant et en exploitant un électorat abruti par quarante ans de diabolisation. Le froncé reste le peuple le plus reprogrammable du monde. McLuhan a expliqué pourquoi.
Mais c’est à l’image du pays qui est culturellement et politiquement dix ou mille fois plus de gauche que de droite, sauf quand il s’agit de pognon (dixit Edouard Herriot bien inspiré pour une fois). Il est amusant de voir que le reniement national fait 35% des voix chez ce peuple d’imbéciles quand il n’est plus rien et qu’il a renoncé à tout, le parti. Victoire de l’image sur le contenu comme dit Le Pen lui- même. Sa dernière entrevue avec Bercoff était piteuse, il faut bien le dire aux racleurs de tiroir : il avait renoncé à tout comme sa fille et défendait l’Europe au moment où, de nulle mais tolérable qu’elle était, elle devient totalitaire, tyrannique, belliciste, écolo-suicidaire, et féministe-hystérique.
Tant pis. Il faut se consoler : des partis nationalistes sont arrivés partout au pouvoir, qui n’ont jamais rien pu faire en Europe. Il ne manquerait que ça. C’est pourquoi je dis : au lieu de gâcher ta vie avec les autres, réussis-la avec les tiens.
Pouvez-vous nous parler de votre époque au GUD ?
Non car je n’y ai pas fait grand-chose comme le remarquait l’accorte Chatillon dans ses Rats maudits.
Je n’étais ni étudiant ni athlète bagarreur. J’y suis rentré par hasard à baragouiner trois discours et un texte, et me suis retrouvé comme un bidasse célinien chez Dechavanne à compromettre (à 80%, pas
à 100%) mon avenir professionnel d’écrivain. Il y avait ceci dit une atmosphère bonne enfant, guerrière et sympa dont on savait qu’elle ne durerait pas, sur fond de réélection de Mitterrand et de Carpentras (rappelez-vous, vous qui doutez de mon réalisme, l’infâme folie médiatique durant cette affaire) : l’entropie était trop forte. Il ne faut pas compter sur les autres : le monde est un devenir-bourgeois-limace. Dans les années 2000 on a vu l’effondrement du système de l’extrême-droite à tous les niveaux, quantitatif et qualitatif. Pour moi tout est mort à la mort de Serge de Beketch.
Certains ont gardé la pose, moi pas. Je finis pas raisonner comme les Shadocks (ou les taoïstes) : quand il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. Ce qui est marrant en y pensant c’est que je me suis retrouvé au GUD après une première virée en Inde qui m’avait bêtement ruiné en 88 et chez Dechavanne alors qu’un copain de la bourse m’avait demandé de l’accompagner aux Philippines – à El Nido qui plus est. A l’époque ma voie c’était l’Asie, pas encore trop bousillée. Ils ont
mis les bouchées doubles. Mais je cherchais déjà à fuir par tous les moyens, même légaux…
Nous voyons l’impuissance de l’Europe dans tous les sujets, comment créer une Europe forte ? Une Europe des Nations…
C’est fini l’Europe. Les peuples y sont vieux, cuits, remplacés et retraités. L’Europe forte voudrait dire : impôts, armées, mobilisation, guerre, surveillance, etc. Voir la Russie, guerrière, techno-
dictatoriale mais aussi en pleine crise démographique. Soyons honnêtes : j’ai une indigestion d’Europe, mais totale. J’aimerais que l’Espagne soit plus espagnole et pas européenne. Sinon bien sûr dit-on ici et là il faudrait des Meloni partout. Elle est ce qu’on peut faire de moins pire (ne parlons plus du meilleur) mais je ne vois rien venir hors d’Italie. Depuis que Bardella fait du Macron remixé Meyer Habib, il faudrait voter machin souverainiste ou bidule gaulliste, encenser la nation souveraine, faire 1% et se réclamer du général pendant cent ans encore ? Allons donc : il vaut mieux se concentrer sur son cash, son champ et sa famille – sans oublier le ciel étoilé et le grand animisme.
Relisez les Métamorphoses d’Ovide et découvrez les migrations des requins pèlerins.
Vous avez beaucoup voyagé, pourquoi après ces expériences avoir posé vos valises en Espagne ?
La proximité culturelle a joué. Mais j’ai adoré l’Argentine plus que l’Espagne entre 2003 et 2008. A l’époque sinon d’Aznar c’était encore très bien l’Espagne. Mais les mêmes causes produisent partout les mêmes effets : enrichissement, télé, dénatalité, vieillissement, grand remplacement, malbouffe, tourisme, américanisation, wokisme, etc. Debord disait déjà que dans un monde unifié on ne peut s’exiler. Tout est surpeuplé et pollué sauf les endroits inaccessibles et/ou friqués. Je pensais que maintenant je pourrais me trouver une bicoque perdue dans un parc national même froncé, à
condition de n’avoir pas de smartphone, d’ordinateur et d’être entouré de bébêtes. Méthode Thoreau finalement, qui lui aussi remarque que les gens s’abrutissent DEPUIS TOUJOURS avec les infos et que les gouvernements sur ordre des banquiers ont deux missions : réduire en esclavage
leurs indigènes et en chair à pâtée leurs voisins. D’ici j’ai l’impression que la France est inhabitable parce que je suis conditionné par les sites antisystèmes. Et puis parfois je redécouvre qu’il y aurait
encore des endroits sympas et que mon con patriote est toujours aussi content du système : selon Zerohedge.com, le froncé est plus content de son sort que l’espagnol… Couper les infos et regarder le ciel. Je l’ai déjà dit chez Dechavanne, je crois. C’est dur à mettre en œuvre.
Tout le monde parle d’euro numérique et bientôt de crédit social. Comment voyez-vous la mise en
place de tout ça ? Quel impact sur le peuple ?
Les optimistes disent que cela ne peut se produire. Hum. Là on tombe sur mon recueil à succès, mon best-seller hélas gratuit : le coronavirus et la servitude volontaire ! Je crois qu’il n’y aura aucun
problème pour tout imposer : le rot numérique, le contrôle social, la suppression de la sécu pour non vaccinés (cf. Martin le patron des patrons froncés), etc. Ce matin mon employé de banque préféré et bobo local m’a dit qu’il n’y croyait pas ; mais il m’oblige en même temps à acheter un smartphone (je refusais jusque-là) si je veux avoir accès à l’achat en ligne (on se doute que je ne fais pas la queue dans les supermarchés ou les halls) ! Ce matin pendant qu’on préparait avec vous cette interview, j’apprends que je se suis cité par Philippe Béchade précisément sur ce sujet dont je suis le Dr Dolittle.
Il faut dire que ce n’est pas nouveau hélas, comme le remarque déjà le jeune La Boétie en pleine Renaissance. Connaissant cette accoutumance à la vie bovine en cité comme on dit, qu’elle soit fasciste, coco ou démocrate-libérale, J’annonçais en 2022 qu’on subirait tout : vaccins, QR codes,
interdiction de la bagnole et de la maison, bientôt de la bouffe, etc. On tolèrera tout jusqu’au bout, le système le sait, il a vite vu nos limites en 2001 puis lors de l’attaque contre la Lybie, puis au moment
du Covid qui a servi de répétition. Il peut mettre au pouvoir un pseudo-facho genre Trump et nous passer partout à la moulinette. De toute manière notre avenir est cuit via l’informatique. Sega c’est
plus fort que toi, disait la pub. Le contrôle des derniers râleurs (ne vous illusionnez pas, on est PEU) dans/par le parc numérique de Twitter est fantastique. Il a fait baisse le niveau et tous les sites
d’expertise et de réflexion ont beaucoup moins de lecteurs grâce à Musk.
Terminons par trois conseils de lectures ?
Je me suis fait connaître par mes relectures. Je vais donner trois de mes livres et on se doute que ce n’est pas pour gagner de l’argent (je file mes PDF à la terre entière au sens strict du terme) : mon livre sur Céline, qui fait bien le tour de la question française ; le livre sur la destruction de la France au cinéma, qui fait le point sur Audiard et notre liquidation par les gaullistes, et bien sûr celui sur le binôme coronavirus-servitude dont je donne le lien gratuit (70.000 téléchargements, je suis bête tout de même). Sinon je voudrais indiquer quelques liens sur la fin du christianisme et de la religion avec les livres de Bruckberger (lettre au pape), les mémoires de Daniélou (l’indianiste) et surtout Virgil Gheorghiu qui sent dans sa Vingt-cinquième heure montre que la technologie et donc l’informatique
vont en finir complètement avec l’humanité, et ce assez vite. Il n’y aura pas vingt-deuxième siècle, sauf pour une minorité d’habiles néo-néanderthaliens mués en cavernicoles. Car le capitalisme
anglo-saxon avec sa cabale numérique doit tout exterminer. Raison de plus pour oublier le père Noël et devenir responsable à titre PERSONNEL.
Nicolas Bonnal sur https://www.amazon.fr/
La 25ème heure et la prophétie de notre extermination technique
https://www.dedefensa.org/article/bruckberger-et-labdication-de-leglise
Par Manu LRDM
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Quelle chance de pouvoir lire Nicolas Bonnal à nouveau sur LRDM ! Un entretien passionnant qui je l’espère en appellera d’autres.