Les enseignements de l’affaire Cassandre

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« Il y a deux sortes de justice : vous avez l’avocat qui connait bien la loi, et l’avocat qui connait bien le juge ! » Coluche
Comme vous le savez chers lecteurs, j’ai depuis le départ suivi avec attention les évènements autour de cette affaire pour des raisons dont j’ai déjà parlé.
https://xn--lerveildesmoutons-dtb.fr/proces-de-metzcou-retour-sur-laffaire-cassandre/
Et il ne fallait pas être grand clerc pour anticiper la condamnation de la jeune et intrépide mosellane tant il est évident qu’en matière politique, les verdicts des tribunaux pourtant rendus au nom du peuple français (sic) n’obéissent à aucun moment à une quelconque orthodoxie juridique. Qu’importe la nature des « débats » lors de l’audience, les plaidoiries des avocats de la défense ou la légalité des moyens permettant au tribunal d’entrer en condamnation, tout est décidé en amont, bien avant le jour du procès
Cette réalité bien qu’incontestable demeure inconnue du grand public bercé d’illusions d’indépendance de la justice, d’impartialité, de séparation des pouvoirs et autres foutaises démocratiques. Les quelques huit mille magistrats de cette république, corporation la plus détestable d’entre toutes avec celle des plumitifs stipendiés, décident unilatéralement, sans aucun contrôle (autre que celui de leurs maitres) et bien souvent hors de tout cadre légal de condamner un tel, de relaxer un autre, de faire preuve de clémence envers certaines clientèles ou au contraire de se montrer implacable.
Il existe des centaines, des milliers d’exemples ces dernières décennies de jugements pour de graves délits voir des crimes ayant condamné leurs auteurs à des peines dérisoires. Pour ne rien dire des remises en liberté abusives ou extravagantes, des aménagements de peine indécents, etc.
Tout le monde a en mémoire l’ignoble magnanimité de cette magistrature vis à vis de la corruption d’élus, des scandales politico-financiers (affaires Tapie, Cahuzac, Sarkozy, Balkany, etc. ) ou médicaux (Médiator, sang contaminé, etc. ) entre autres.
Cette complaisance sans faille pour la racaille du haut s’accompagne de celle quotidienne pour la racaille du bas : combien de violeurs libérés après quelques mois à peine de prison ? Combien de multirécidivistes aux dizaines de mentions sur leurs casiers judiciaires en liberté ? Combien d’enquêtes de police visant ce type d’individus annulées pour des vices de procédure ? Et je pourrais continuer ainsi sur des pages et des pages.
En revanche, si vous avez le tort d’être un honnête français au casier vierge, sans histoire, un quidam sans réseau, ni appui, ce sera une tout autre limonade. Pour vous en convaincre, essayez de ne pas payer une contravention routière ou d’oublier de déclarer quelques modestes revenus.
Si par dessus le marché, vous montrez une certaine défiance vis à vis de ce Système (une simple suspicion suffit) alors attendez vous à subir les foudres judiciaires. L’exemple des gilets jaunes a très largement démontré mon propos :
https://actu.fr/grand-est/strasbourg_67482/strasbourg-gilet-jaune-condamne-quatre-mois-prison-ferme-mise-danger-dautrui_19652848.html
Cet exemple de deux poids deux mesures illustre parfaitement cette « justice » à plusieurs vitesses et nous enseigne l’impérative nécessité de n’avoir aucune confiance vis à vis de cette institution.
Je terminerai ma démonstration en ajoutant que, si comme Cassandre vous avez l’immense tort de contester le régime tout en étant franco-française, catholique et patriote, alors vous serez relégué tout en bas de la hiérarchie des accusés. Et se faisant, votre condamnation ne fera pas un pli.
Point de présomption d’innocence comme pour DSK, point de secret de l’instruction avec votre patronyme étalé et sali dans toute la presse d’état, presse au courant du verdict avant vos propres avocats.. Point de vice de procédure comme pour notre charmant compatriote et artiste engagé dans le rétablissement de la peine de mort à destination exclusivement des « blancs » et de leurs bébés :
Pour finir, venons-en aux différentes leçons de cette affaire :
1. En matière politique et plus généralement dans toute activité de contestation du régime au sens large, il est strictement impératif de protéger au maximum son anonymat. Cela passe dans la rue par le respect des gestes barrière (masque), une utilisation parcimonieuse de son téléphone portable et de son ordinateur accompagnée à minima de mesures prophylactiques tel que l’utilisation d’un VPN, d’applications de messagerie cryptée (type Signal) et de navigateur sécurisé (Brave) intégrant Tor.
En effet, une fois identifié comme opposant, tout sera prétexte à poursuite et donc à condamnation.
2. Si l’on est amené malgré tout à faire face à cette justice dans un procès politique, nul besoin d’un avocat « spécialisé », ses honoraires bien souvent prohibitifs pour quelques pages de texte et une heure de palabres inutiles à l’audience étant engagés à pure perte pour les raisons évoquées précédemment. Un commis d’office fera tout aussi bien, économisant ainsi une somme substantielle à l’accusé.
3. Dans la couverture médiatique de cette affaire, nulle mention de l’aspect le plus problématique pour un militant ou un sympathisant condamné, à savoir celui des sommes énormes demandées par les dites parties civiles. Sommes réparties entre de prétendus dommages et intérêts et des remboursements de frais de justice s’élevant à plusieurs milliers d’euros par « association » mobilisée, en l’espèce pour Cassandre à multiplier par 13…!
Bien plus que quelques mois avec sursis, certes handicapant notamment lors de recherches d’emploi éventuelles, cette pression financière énorme est un puissant levier dont la presse menteuse ne fait généralement pas état.
4. Se préparer psychologiquement à la survenue d’un tel évènement pour tous les militants, sympathisants ou manifestants liés à des organisations jugées déviantes, sectaires, etc. par les autorités. Une liste qui a vocation à s’élargir dans une mécanique totalitaire d’inflation galopante ces prochaines années.
Mais aussi financièrement en gagnant en autonomie car le risque de perdre son emploi en particulier si l’on est salarié (spécialement de la fonction publique) est tout à fait probable lors de telles procédures.
Et pour ceux qui verraient dans mes propos une certaine forme d’alarmisme excessif, de pessimisme outrancier, je les invite à consulter les chroniques judiciaires récentes et singulièrement celle-ci :
Dans laquelle l’on apprend qu’un tribunal a condamné à plusieurs années de prison ferme de jeunes nationalistes français pour des conversations sur internet. Pour de vagues « projets » d’attentats et d’actions violentes. Sans aucun fait matériel, sans qu’aucune opération n’ait jamais vu le jour. Le tout dans un simulacre de procès de quelques heures, quand dans le même temps, les terroristes du Bataclan avec la centaine de morts et de blessés graves à leur actif bénéficient eux d’un procès fleuve s’étalant sur plusieurs mois, près de six années après les faits.
De quoi méditer à n’en pas douter.
Article écrit par Jules pour le réveil des Moutons