Faut-il aller voter ?
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« Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. » Octave Mirbeau, La Grève des électeurs, 1888.
L’approche du premier tour du scrutin des élections présidentielles « françaises » me donne l’occasion de dissiper une bonne fois pour toute l’écran de fumée démocratique. Ainsi, je ne ménagerai pas mes effets quant à cette absurdité logique visant à faire croire qu’un quelconque changement réel de régime, qu’un quelconque renversement de ce Système pourrait advenir en mettant tel ou tel bulletin républicain dans l’urne.
Ces chiens de Pavlov que l’on nomme électeurs, citoyens même parfois (la belle affaire) et qui s’empressent d’aller urner à date fixe sur injonction de leurs maîtres, sont-ils à ce point stupides ou hypnotisés pour ne pas voir qu’aucun candidat validé par ce Système, soutenu par les médias de grands chemins pour reprendre l’excellente formule de Slobodan Despot, financé par les banksters, et coopté par tout ou partie de cette mafia républicaine ne changera quoi que ce soit ?!
Nous sommes face, ici, à un problème insurmontable d’absence de logique élémentaire. L’on pourrait noircir des centaines de pages à ce sujet, d’autres avant moi l’ont fait avec bien plus de talent et de pertinence que je n’en aurai jamais. En vain. Rien ne peut détourner l’électeur consentant de l’isoloir. À la fin de chaque nouveau scrutin, l’urne magique redevient le simple réceptacle de ses espoirs incinérés, de son amertume croissante, d’une nième trahison. Il jure mais un peu tard comme le corbeau, honteux et confus, qu’on ne l’y prendrait plus.
Jusqu’à la prochaine élection.
Répéter sans cesse les mêmes actions et en attendre des résultats différents est dit-on la définition de la folie. Ou de la plus insondable bêtise. « C’est le malheur du temps que les fous guident les aveugles » écrivait Shakespeare voilà bientôt cinq siècles. La démocratie représentative est sans nul doute la forme la plus avancée de ce mode de gouvernance.
En effet comme nous l’enseigne l’Évangile, on juge un arbre à ses fruits. Et l’arbre républicain, démocratique en diable n’est pas avare de ses fruits putrides : corruption endémique, décadence tout azimuts, scandales permanents, dégradation continue des mœurs, restrictions sans cesse des libertés, promotion du vice, politiques mortifères et j’en passe. Le poison démocratique s’instille partout, contamine les corps, les esprits et bien plus grave les âmes.
Voilà le triste bilan de tout ce cirque électoral à l’œuvre depuis des décennies.
A-t-on jamais vu un vote changer quoi que ce soit au sort du bas peuple ? Se souvient-on, autrement qu’en idéalisant et en déformant le passé, d’une seule avancée significative consécutive à l’élection de telles ou telles marionnettes estampillées de droite, de gauche ou de l’extrême centre ?!
Nous tombons de Charybde en Scylla, du bankster de chez Rothschild et franc-maçon de haut grade Pompidou élu en 1969 par la France fantasmée par tous les attardés adeptes de saucisson et de mauvais pinard à Macron, haut initié et bankster de chez Rothschild élu, très démocratiquement, en 2017 dans la France d’après.
Quelle différence ? Quel intérêt pour nous autres gueux, de s’écharper au profit de tel ou tel laquais de ceux qui dirigent vraiment en coulisse ? N’y a-t-il pas de meilleure façon d’utiliser notre temps, notre énergie ?
« La France est un pays qui adore changer de gouvernement à condition que ce soit toujours le même » observait déjà Balzac au XIXème siècle. Et tout un chacun peut observer que plus l’on vote plus la situation se dégrade : avant 1965 il n’existait pas d’élection présidentielle au suffrage universel, avant 1979 il n’existait pas d’élections européennes, avant 1986 il n’existait pas d’élections régionales.
Tout ceci ressemble plus à une distraction, vieux tour du prestidigitateur qui agite des débats télévisés truqués d’une main pour mieux nous faire les poches (et pas que) de l’autre.
Cependant, il ne faut pas se tromper, le vote et les élections sont un des verrous essentiels, fondamentaux de la propagande et de l’ingénierie sociale. Et cela pour plusieurs raisons.
Tout d’abord de façon tout à fait prosaïque, ce cirque électoral, cette mascarade démocratique a pour immense bénéfice de créer de toute pièce une opposition factice, entièrement contrôlée donnant aux « citoyens » l’illusion du choix, le mirage de l’alternative.
Par ailleurs, la logique partisane qui découle de ce pugilat démocratique présente l’avantage (du point de vue de l’oligarchie cosmopolite) de s’opposer systématiquement à la Vérité par le truchement de la loi du nombre. Empêchant de facto une quelconque Justice sociale, économique ou morale. À ce sujet, je vous renvoie à la lecture de Simone Weil et sa Note sur la suppression générale des partis politiques. De sorte que du Bien commun, il n’est jamais question. Tout n’est que froid calcul politique, démagogie et manœuvres politiciennes.
En outre, le mode d’organisation démocratique est par construction une débauche de moyens visant à obtenir la majorité des suffrages. Ce qui implique la mobilisation de ressources financières colossales et donc le règne de la ploutocratie.
Et enfin, la logique démocratique repose sur un faux principe, d’essence luciférienne : « un homme, une voix ». Un tel système ne prévaut nulle part hors du champ politique, dans aucune famille, dans aucune entreprise, dans aucune association, dans aucune armée, à aucune période de l’Histoire. Il contrevient à toutes les lois de la nature, à tous faits d’observation élémentaire. N’importe quel chien coiffé, n’importe quel ahuri pèse le même poids politique que l’Homme le plus sage et le plus vertueux. Voilà à n’en pas douter un système radicalement égalitaire, absolument délirant dans lequel l’égo de chaque individu le plus méprisable est flatté, honoré, porté au pinacle. Et l’on sait à quel point les masses sont stupides, manipulables à souhait, corvéables à merci pour le profit des grands architectes de cette monstruosité.
Par conséquent tous ceux qui spéculent sur une volonté de nos maîtres d’annuler les élections, de s’inquiéter des résultats ou d’adapter leur agenda en fonction de tels ou tels scrutins à venir se fourvoient lamentablement. Elles sont la sauvegarde du Système, la soupape de décompression, le miroir aux alouettes présenté au peuple, l’Ordo ab Chao nécessaire.
Quant aux complotistes (les vrais) qui s’imaginent que nos élites hostiles pousseraient à l’abstention pour faire le jeu de l’une de leur marionnette au profit d’une autre ou pour je ne sais quelle obscure raison dont ils ont le secret, je leur poserais une seule et simple question : quel journaliste, éditorialiste, intellectuel ou prétendu tel, personnage public fut-t-il d’extrême droite ou d’extrême gauche encourage ou promeut ouvertement l’abstention totale, radicale et inconditionnelle ?! Aucun à ma connaissance.
Le dernier fut le grand Coluche, « si voter changeait quelque chose il y a longtemps que ça serait interdit.«
En revanche, je ne compte plus les appels à s’inscrire manu militari sur les listes électorales, le matraquage incessant sur cette campagne insignifiante, l’exhortation à participer à cette mauvaise farce allant jusqu’à l’enrégimentement des prisonniers de droit commun pour aller urner.
Cette position transcende tous les courants, toutes les prétendues oppositions, il faut voter, s’exprimer, coûte que coûte ! On invoque les « morts pour avoir ce droit » sans jamais parler des morts infiniment plus nombreux pour, au hasard, l’avènement du national-socialisme sans que pourtant aucune de ces belles âmes n’y voient un devoir moral d’y adhérer. Tous les morts ne se semblent pas se valoir.
Outre l’aspect du gain personnel bien compris à commenter ce spectacle (au sens de Debord) à y participer ou à en retirer un quelconque bénéfice, pour l’immense majorité tout ceci n’est qu’un mirage puissant, nourri d’égos boursouflés, pour des gens crédules pensant pouvoir décider de leur destin. Or, il n’en est rien.
Pour finir, j’entends cette triste litanie consistant à me faire culpabiliser de ne point jouir de mon « pouvoir » de voter pour « le moins pire ». À cela, je réponds que le pire, plus ou moins ne justifie en rien ma participation à leur jeu truqué. Pour rien au monde je ne nourrirai ni n’alimenterai ce simulacre.
Quelles solutions humaines à portée de vue dans ce cas me rétorqueront les thuriféraires de la divine élection démo(n)cratique ?!
Et bien voilà une vaste question à laquelle je ne prétends pas apporter de solutions qui tiennent sur une page A4 comme le programme de leur marionnette favorite.
Ce n’est pas pour autant qu’il faille se résoudre à se rouler dans la fange républicaine.
Dimanche prochain, de toute façon, j’ai piscine.
Article écrit par Jules du Réveil des Moutons
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