La menace de guerre entre la Syrie et Israël devient plus réelle
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Le 9 février, Israël a lancé une nouvelle série de frappes sur des cibles proches de Damas, qui ont fait un mort et cinq blessés syriens, ce qui a aggravé la menace de guerre entre la Syrie et Israël.
Selon l’agence de presse officielle de la Syrie (SANA), le 9 février, quatre F-16 israéliens, sans traverser la frontière de l’État syrien, ont lancé une nouvelle attaque aux missiles guidés contre des installations situées près d’Al-Kiswah, un village au sud de Damas. L’un des missiles anti-aériens de l’armée syrienne a explosé au-dessus du plateau du Golan occupé, après quoi les FDI (NDT : Force de défense israélienne) ont tiré, depuis la zone occupée par les troupes israéliennes dans le plateau du Golan syrien, dix missiles sol-sol sur les positions des forces de défense aérienne syriennes. Certains missiles ont été abattus par les défenses aériennes syriennes. L’attaque a néanmoins causé des dommages importants à certains bâtiments de la ville de Qudsaya, détruisant des dizaines de maisons et de voitures. Pour repousser l’attaque, les troupes syriennes ont utilisé des systèmes de défense aérienne de fabrication russe, qui ont abattu huit missiles.
Selon une déclaration des FDI, en réponse à un missile intercepté tiré depuis la Syrie vers le nord d’Israël, Israël a attaqué des cibles en Syrie, notamment les « radars syriens et batteries de missiles sol-air qui ont lancé des missiles sur les avions de l’armée de l’air israélienne. » Cependant, il est évident que le missile choisi par les FDI comme raison des représailles était le missile anti-aérien qui a explosé en l’air et qui a été lancé par les défenses aériennes syriennes comme mesure de protection contre les précédentes attaques de missiles israéliennes lancées depuis le Liban.
Dans le message que le ministre syrien des Affaires étrangères a envoyé au Conseil de sécurité de l’ONU concernant l’acte d’agression susmentionné de Tel Aviv, le gouvernement syrien dénonce les conséquences dangereuses que les attaques israéliennes sur le territoire de la RAS (Région administrative spéciale) peuvent avoir pour la stabilité au Moyen-Orient et dans le monde entier. « La Syrie se réserve le droit d’utiliser tous les moyens légaux pour répondre aux frappes perfides menées par Israël sur la périphérie de Damas depuis l’espace aérien libanais et depuis le plateau du Golan occupé », indique le document. Le ministère syrien des Affaires étrangères a attiré l’attention sur le fait que « les États-Unis, qui patronnent Israël, l’encouragent à poursuivre ses attaques et paralysent les éventuelles mesures du Conseil de sécurité de l’ONU pour dissuader l’agresseur, ce qui porte atteinte au prestige de la communauté internationale.«
Initialement, Israël avait prévu de lancer deux frappes simultanées le 9 février – l’une sur la banlieue de Damas, l’autre sur Lattaquié. Cependant, après avoir rencontré deux Su-35 envoyés en réponse, les chasseurs de l’IAF (NDT : Force aérienne et spatiale israélienne) sont repartis sans attaquer le port syrien. Dans le même temps, presque tous les missiles qui auraient visé des installations iraniennes dans le gouvernorat de Rif Dimashq ont été abattus par les systèmes de défense aérienne syriens de fabrication russe. L’attaque a été menée depuis l’espace aérien libanais, ce qui constitue une autre violation flagrante du droit international.
L’armée de l’air israélienne frappe régulièrement des cibles en Syrie sans entrer dans l’espace aérien de la République arabe, et opère principalement depuis l’espace aérien du Liban – en violation des normes internationales, ou depuis la mer Méditerranée. Depuis 2013, Tsahal a mené des centaines de frappes aériennes sur le territoire d’un pays voisin visant principalement les forces pro-iraniennes de la RAS. Cette année, deux attaques de ce type ont déjà été menées par Israël. La première a eu lieu le 31 janvier sur des cibles proches de Damas, à savoir des installations et des entrepôts du Hezbollah dans les environs d’Al-Qutayfah. En 2021, il y a eu 55 attaques :
– 3 frappes de missiles en décembre (les 7, 16 et 28 décembre, principalement dans la zone du port de Lattaquié, un soldat syrien a été tué et des dégâts importants ont été causés). Il convient de noter que le 28 décembre, et ce n’est pas la première fois, deux F-16 de l’armée de l’air israélienne ont lancé quatre missiles guidés sur des installations situées sur le territoire du port de Lattaquié sans traverser la frontière syrienne (depuis la mer Méditerranée). Les forces de défense aérienne syriennes n’ont pas engagé de combat pour repousser le raid de l’IAF sur le port de Lattaquié, car un avion de transport de l’armée de l’air russe en phase d’atterrissage pourrait se trouver dans la zone concernée ;
– 4 frappes de missiles en novembre (les 3, 8, 17 et 28 novembre, principalement sur des cibles proches de la ville de Homs, qui ont fait quatre morts, dont deux civils, plusieurs blessés et des dégâts matériels importants) ;
– 4 frappes de missiles en octobre (les 8, 13, 25 et 30 octobre, des frappes ont été menées sur la banlieue de Damas, la banlieue d’al-Ba’ath et le village d’Al-Krum dans le gouvernorat de Quneitra, dans le sud de la Syrie, et la ville d’Abu Kamal, à la suite desquelles plus de dix militants du Hezbollah et un soldat syrien ont été tués, et des dommages importants ont été causés) ;
– 3 frappes de missiles en septembre (les 3, 14 et 27 septembre, au sud du village de Mayadin dans le gouvernorat de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie, près de la frontière irakienne, faisant de nombreux blessés) ;
– 2 frappes de missiles en août (les 17 et 19 août) ; 3 frappes de missiles de mai à juillet (les 5 mai, 8 juin et 19 juillet) ; 9 frappes de missiles de janvier à avril, faisant des dizaines de morts et de blessés ;
– 39 attaques de missiles et raids aériens ont été effectués en 2020.
Israël explique ses attaques par la volonté d’empêcher que des armes modernes ne tombent entre les mains de ses ennemis. L’ennemi n°1 à cet égard est le mouvement libanais Hezbollah, qui combat aux côtés du président syrien Bachar al-Assad et est contrôlé par Téhéran. Après les premières frappes aériennes israéliennes, Moscou a invité toutes les parties intéressées à se rencontrer et à discuter du démêlage de leurs intérêts afin d’éviter les conflits armés et les pertes civiles. Cependant, ces appels de la Russie n’ont pas été entendus.
Israël, malgré les déclarations répétées des autorités officielles syriennes à l’ONU, poursuit ses frappes aériennes régulières sur des cibles civiles syriennes, en utilisant notamment des attaques aériennes provocatrices de ses chasseurs » sous le couvert » d’avions civils. Ainsi, en plus de l’attaque du 28 décembre, dans la nuit du 13 octobre 2021, quatre F-16 de l’IAF ont à nouveau pénétré dans l’espace aérien syrien dans la zone d’Al-Tanf occupée par les États-Unis dans le gouvernorat de Homs et, sous le couvert d’avions civils volant au même moment, ont effectué une frappe aérienne sur une usine de traitement de minerai de phosphate dans la région de Palmyre. Il convient de noter que ce n’est pas la première fois que de telles attaques aériennes sont menées à partir de la zone occupée par les États-Unis dans le gouvernorat de Homs, ce qui indique clairement les actions coordonnées de l’IAF avec l’armée américaine.
Ces tactiques provocatrices de l’armée de l’air israélienne peuvent conduire à une aggravation sérieuse de la situation, et ce sera par la faute de l’IAF si les défenses aériennes syriennes dans leurs actions antimissiles abattent un avion civil de n’importe quel pays, sous la couverture duquel Tel Aviv effectue ses frappes aériennes. Et un tel incident s’est déjà produit en 2018 lorsque des avions israéliens ont bombardé la Syrie depuis la zone aérienne où se trouvait l’avion de reconnaissance russe, et que la défense aérienne syrienne a abattu cet avion par erreur. Des membres des services russes ont été tués et un grand scandale a éclaté, qui s’est éteint, et un conflit armé avec Israël a été évité, uniquement grâce à des efforts diplomatiques complexes.
Les dirigeants syriens ont demandé à plusieurs reprises que le Conseil de sécurité des Nations unies fasse pression sur Israël pour qu’il mette fin aux attaques sur le territoire de la république, car ces actions violent sa souveraineté et entraînent une augmentation des tensions dans la région. Le ministère syrien des affaires étrangères a précédemment déclaré à plusieurs reprises que la république peut utiliser « tous les moyens légaux » pour répondre aux frappes aériennes israéliennes sur le territoire syrien. Par conséquent, en poursuivant ces attaques provocatrices, Israël tente ouvertement le diable, qui pourrait se transformer à tout moment en un grave conflit armé.
Vladimir Danilov, observateur politique, en exclusivité pour la revue en ligne “New Eastern Outlook”.
Source : https://journal-neo.org/2022/02/14/threat-of-war-between-syria-and-israel-is-becoming-more-real/
Article traduit par Arthur du Réveil des moutons
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