20 avril 2024

La recette de la tarte de Tain

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Avec le régime de la comparution immédiate, les décisions de Thémis ne traînent pas. Telle est la leçon de la tarte de Tain. Après avoir reçu le 8 juin  une gifle lors d’un déplacement à Tain-l’Hermitage dans la Drôme, alors qu’il attendait du public qu’il fît la claque, le président de la République est reparti en campagne comme si de rien n’était, à quelques jours du premier tour des élections régionales et départementales qui s’annoncent très difficiles pour la Macronie. Son agresseur, Damien Tarel, un jeune homme de 28 ans, dort actuellement en prison. Deux jours après avoir donné un soufflet au premier magistrat de France, le jeune homme était condamné le jeudi 10 juin à dix-huit mois de prison, dont quatre ferme, avec une probation de deux ans et mandat de dépôt. Sa peine est assortie d’une obligation de recevoir des soins psychologiques (c’est la manie de tout psychiatriser désormais, et l’on ne compte plus les cellules de soutien psychologique, dès qu’il se passe un événement un tant soit peu traumatisant !), d’une interdiction de détenir des armes pendant cinq ans. Il est en outre privé pendant trois ans de ses droits familiaux, civils et civiques, et de manière définitive de la possibilité d’exercer des fonctions publiques.

Sachant que Damien Tarel n’était pas connu des services de police, qu’il n’avait aucun antécédent judiciaire, la peine, sans être d’une impitoyable sévérité, est loin d’être totalement négligeable. L’ami Vincent Reynouard considère (voir le droit en lettres en page 2) qu’elle est très mesurée pour une gifle au chef de l’Etat et que les révisionnistes et autres pourfendeurs d’un certain Lobby sont plus lourdement sanctionnés alors qu’ils ne commettent aucune violence. C’est exact, mais l’on sait que les crimes de la pensée sont les plus redoutables. C’est pourquoi les nationalistes et dissidents sont particulièrement réprimés dès lors qu’ils s’expriment un peu trop librement sur les sujets interdits. Il est vrai que l’auteur du coup de canne à Emile Loubet, Président de la République française, en pleine affaire Dreyfus, le 4 juin 1899, le baron de Christiani, un homme élégant à la blonde moustache, avait été condamné à dix ans de prison ferme. Il avait abattu sa lourde canne sur le chapeau présidentiel, l’enfonçant très nettement, en criant : “Démission”. Le baron était le petit-fils de Charles-Joseph Christiani, éminent baron et général du premier Empire. La condamnation était certes beaucoup plus sévère, mais l’échelle des sanctions n’était pas la même qu’aujourd’hui où la peine capitale a été supprimée, ainsi que les travaux forcés, où les pires malfrats ne subissent que des peines très légères, signe du ramollissement et de la décadence de notre société. Tant dans le vocabulaire que dans la tenue vestimentaire, tant dans la façon de gouverner que de rendre la justice, nous ne nous sommes vraiment pas améliorés en un siècle, c’est le moins que l’on puisse dire !

Emmanuel Macron n’est pas le seul président de la République, dans la période récente, à être physiquement pris à partie. Nicolas Sarkozy avait été saisi par le col lors d’un déplacement en juin 2011 en Lot-et-Garonne par un agent municipal de 32 ans, Hermann Fuster, qui avait écopé à l’époque de 4 mois de prison avec sursis, alors que l’accusation avait requis trois mois de prison ferme. Ces décisions de justice sont une preuve de l’abaissement de la fonction présidentielle. Dès lors que les gouvernants n’œuvrent plus au bien commun, que leur politique et leur comportement favorisent l’anarchie et le chaos, qu’ils mettent en œuvre des mesures subversives et contre-nature dans à peu près tous les domaines de l’action publique, dès lors aussi qu’ils se comportent de manière indigne (que l’on songe à Sarkozy criant : « casse-toi, pauv’ con » à un visiteur hostile lors de sa visite au salon de l’Agriculture, ou à Macron transformant l’Elysée en lupanar pédérastique lors de la fête de la musique en juin 2018 ou s’affichant avec des détenus antillais ayant le torse dénudé), il n’est pas étonnant de voir se reproduire ce genre d’incidents.

D’autant que Macron, à l’instar de ses prédécesseurs, utilise le contact de la foule pour mesurer et fortifier sa popularité. L’élection présidentielle au suffrage universel et le quinquennat conduisent les titulaires de la magistrature suprême à être en campagne électorale permanente. Ce qui est un préjudice grave pour la conduite de la nation et ce qui abaisse, ternit, banalise la fonction de commandement.

Mais ce soufflet est le symptôme de la violence qui traverse notre société. La violence d’abord qui est faite au peuple. A travers les restrictions chaque jour plus importantes des libertés dont témoignent les confinements, les couvre-feux, les passeports sanitaires, les obligations et interdictions de toutes sortes qui se multiplient. La violence qui a été infligée aux gilets jaunes molestés, énucléés, gazés, passés à tabac. La violence qui est faite aux automobilistes avec les radars automatiques, fixes et mobiles, avec les réductions de voies de circulation, aux contribuables avec des impositions de plus en plus confiscatoires, aux Français avec une Union européenne qui détricote notre souveraineté, une immigration de peuplement destinée à nous humilier, à nous dominer et à nous remplacer, avec des législations d’exception qui nous empêchent de nous exprimer sur des sujets chaque jour plus nombreux. La violence faite aux consciences, à la morale et au bon sens avec la promotion permanente, systématique, obsessionnelle de la théorie du genre, de l’homosexualisme, du transexualisme, du transhumanisme, du shoatisme.

Il n’est donc pas étonnant que certains, mus par le colère, le désespoir et le dégoût, et ne croyant pas aux solutions électorales dont ils ont compris qu’elles étaient des impasses et des leurres, puissent se laisser aller à une forme d’action directe. Même si en l’occurrence la gifle est d’abord et avant tout une violence symbolique. Qui répond à sa manière, discutable très certainement, inefficace politiquement et qui ne peut déboucher sur rien de concret et de tangible (ce genre d’actions qui doit certes sur le moment faire plaisir à beaucoup conduit même généralement à un renforcement de la répression contre les opposants !) à une violence permanente faite au peuple et à la nation. Une violence de tous les instants. Politique, juridique, psychologique. Mentale, morale, totale.

Jérôme BOURBON, RIVAROL N°3476 DU 16 JUIN 2021

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