19 avril 2024

Les Etats-Unis abandonnent leurs « alliés » en Afghanistan, en Irak, en Ukraine, partout !

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L’attitude dédaigneuse de l’establishment politique et militaire américain envers ses « aides » étrangères est bien connue.

Cette attitude est devenue encore plus évidente après la récente apparition de Joe Biden devant la Chambre des représentants et le Sénat avec son discours annuel sur l’état de l’Union, dans lequel il a décrit le peuple ukrainien comme des Iraniens. On peut difficilement attribuer cette remarque au vieillissement mental de Biden. C’est une indication de plus de l’indifférence de la Maison-Blanche quant à savoir à qui s’en prendre : Les Iraniens, les Ukrainiens, les Irakiens, les Afghans, les Vietnamiens, qui sont tous considérés là-bas comme des personnes de seconde zone.
Pas plus tard qu’en août dernier, le sergent Larry Suer, ancien combattant américain, était convaincu que l’histoire de l’abandon des Vietnamiens par les Américains à Saigon en 1975 se répéterait à Kaboul, ce qui s’est d’ailleurs produit !

La mort de l’interprète afghan Sohail Pardis et le sort dramatique de milliers d’Afghans travaillant pour les États-Unis sont un exemple frappant de toute la tentative très chaotique d’évacuation des Américains d’Afghanistan, mais aussi un témoignage du mépris de Washington pour ses aides à l’étranger. Selon un rapport de l’Association des alliés en temps de guerre, la télévision internationale afghane a révélé que les États-Unis ont évacué environ 3 % de leurs alliés afghans qui avaient demandé des visas d’immigration spéciaux, laissant derrière eux quelque 78 000 personnes prêtes à fuir. D’après les entretiens menés avec 4 000 demandeurs de visas d’immigration spéciaux, ceux qui restent en Afghanistan sont confrontés au harcèlement et aux difficultés que leur font subir les talibans (organisation interdite dans la Fédération de Russie). Près de 30 % de ces demandeurs ont déclaré avoir passé un certain temps en détention au cours des six mois qui ont suivi le retrait des troupes américaines, et 52 % ont dit avoir été interrogés. 88 % de ces personnes ont été confrontées au chômage, et 94 % ont fait état de difficultés économiques et de la faim. Pendant ce temps, Kim Stafiri, l’un des fondateurs de « Association of Wartime Allied », affirme que d’autres gouvernements occidentaux, contrairement aux États-Unis, ont réussi à retirer leurs partenaires afghans avec moins de pertes.

Selon le portail suisse SRF, des centaines d’interprètes irakiens travaillant pour l’armée américaine ont déposé des plaintes similaires contre les autorités américaines, car ils ont été abandonnés à leur sort. Citant le témoignage de l’un d’entre eux, Ali, un résident irakien, SRF affirme qu’il a travaillé comme interprète pour l’armée américaine pendant près de deux ans, assurant les communications entre les militaires américains et irakiens. Pour le bien de leur travail, ces interprètes irakiens ont tout risqué – y compris la sécurité de leur famille. Après presque deux ans dans l’armée américaine, il a reçu l’ordre de quitter la base militaire américaine, puis il a été escorté à pied jusqu’à un poste fortifié de l’armée irakienne, et cinq jours plus tard, il a reçu une lettre lui annonçant que son travail avec l’armée américaine était terminé. Il a ensuite appris que l’armée américaine avait donné l’identité complète de tous les interprètes irakiens au gouvernement irakien, qui, selon Ali, avait été infiltré par des groupes militants. Après cela, une liste de plusieurs centaines de noms d’interprètes est apparue sur Internet et des membres de groupes militants ont commencé à envoyer des menaces de mort aux interprètes.
Selon un ancien interprète qui a travaillé avec les forces d’occupation de l’armée américaine, l’armée américaine était ambivalente envers les Irakiens pendant l’occupation. Il a divisé les militaires américains en trois groupes en fonction de leur attitude envers les Irakiens : le premier soutenait l’occupation de l’Irak et en voulait à la population locale ; le deuxième doutait du bien-fondé de la direction américaine ; le troisième se détachait de la politique et s’engageait dans l’armée uniquement pour pouvoir faire des études supérieures.

Plus d’une fois, les États-Unis ont démontré leur totale indifférence au sort des Kurdes en les exploitant pour leurs propres intérêts momentanés pendant les guerres en Irak et en Syrie. Les États-Unis ont montré aux Kurdes leur soutien à la vision kurde de la création d’un État séparé, soutenu par les Kurdes irakiens et syriens. À cette fin, Washington a nourri ce rêve pour répondre à ses propres besoins d’établir des bases américaines dans les régions d’Irak et de Syrie où l’Iran a eu beaucoup d’influence. Cependant, le plan kurde, tout comme le soutien américain à ce projet, n’a pas réussi à se concrétiser. En particulier, il est bien connu qu’après le début de l’opération militaire turque « Printemps de la paix », Washington a abandonné les Kurdes à leur sort, les forçant à se battre avec Ankara.

Dans ce contexte et sur fond de détérioration de la situation en Ukraine après le lancement par la Russie d’une opération spéciale visant à la dénazifier et à la démilitariser, de nombreux Ukrainiens ont commencé à exprimer leurs inquiétudes quant aux conséquences possibles de la coopération avec l’ambassade des États-Unis. En particulier, les employés locaux de l’ambassade des États-Unis à Kiev ont envoyé une lettre au Département d’État américain pour demander de l’aide, se sentant, comme le rapportent les médias américains, abandonnés à leur sort. En particulier, le 26 février, le Financial Times, citant le texte de leur lettre, qui a été mis à la disposition de ses rédacteurs, a souligné que le personnel de l’ambassade demandait de l’aide pour évacuer la zone de guerre, obtenir des visas américains, ainsi qu’une ligne de communication stable avec le Département d’État au milieu des hostilités en cours. Cependant, même ces demandes d’aide ont été ignorées par Washington, qui a montré sa véritable attitude à l’égard de ces « aides ».

Dans ces circonstances, même la Polityka polonaise (NDT : hebdomadaire polonais) souligne la crainte de nombreux pays aujourd’hui de voir les États-Unis les abandonner, faisant preuve de leur habituelle « défection » envers eux et l’OTAN.

Vladimir Platov, expert sur le Moyen-Orient, en exclusivité pour la revue en ligne “New Eastern Outlook”.
Source : https://journal-neo.org/2022/03/08/the-us-is-abandoning-its-helpers-in-afghanistan-iraq-ukraine-everywhere/

 

Article traduit par Arthur du Réveil des Moutons

 

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