29 avril 2024

21 Janvier 1793: Mort de Louis XVI

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    En ce 21 Janvier, commémorons le martyr du Roi Louis XVI, qui fut exécuté par la Révolution bourgeoise. Le 20 janvier, vers deux heures de l’après-midi, Garat Président du Conseil, Lebrun-Tondu ministre girondin des Affaires étrangères, Philippe Grouvelle, Secrétaire du Conseil, Chambon de Montaux, maire de Paris et Santerre, commandant général de la Garde Nationale se présentèrent au Roi à la Prison du temple en énonçant le verdict du Procès: « Louis Capet, dernier Roi des Français, déclaré coupable de conspiration contre la liberté de la Nation, et d’attentat contre la sûreté générale de l’Etat » condamné à la peine de mort, celle-ci étant exécutable « les vingt-quatre heures à compter de sa notification« 

Retraçons ensemble la dernière journée du Roi.

Tout d’abord, Louis XVI, après une parodie de justice qui fut considérée comme un procès, fut notifié de la condamnation.(« Chaque semaine, notre histoire »: Procès de Louis XVI – Le réveil des moutons (xn--lerveildesmoutons-dtb.fr)  Le Roi, du haut de ses 1m92 resta impassible et maintint son port altier. On rapporte qu’il eut même un sourire d’indignation au mot de « conspiration« . Le Roi fut reconduit à sa cellule sous bonne escorte. Tout était fait pour le surveiller, pour entraver ses mouvements. Ce que l’on craignait alors le plus, un suicide. Tout pouvait être le lieu pour abriter un éventuel poison ou servir d’arme. Au dîner, on l’informa qu’il ne pourrait se servir de ses couverts. « Me croît-on assez lâche pour que j’atteinte à ma vie ?«  S’exclama-t-il fièrement. « On m’impute des crimes, mais j’en suis innocent, et je mourrai sans crainte : je voudrais que ma mort fît le bonheur des Français et put écarter les malheurs que je prévois.« 

Le Roi exigea alors un confesseur, ce qui lui fut accordé après délibération. L’abbé de Firmont fut choisi. Henry Essex Edgeworth de Firmont, prêtre irlandais, élevé par les Jésuites à Toulouse avait été en 1791, le directeur spirituel de Madame Elisabeth. Il fut fouillé avec précaution, sa tabatière enlevée, car pouvant contenir du poison. La psychose des geôliers frappa l’abbé. Il fut escorté jusqu’à la cellule de Louis XVI. L’abbé trouva le Roi au milieu de la délégation, il raconte :  » Il était au milieu d’eux, calme, tranquille, gracieux même; et pas un seul de ceux qui l’entouraient n’avait l’air aussi assuré que lui.« 

Une fois seuls, les deux hommes conversèrent, et laissèrent enfin aller leur émotion. Les deux ressentaient alors le poids de la situation. Lors de leur conversation, le Duc d’Orléans, cousin du Roi fut évoqué:  » Qu’ai-je donc fait à mon cousin pour qu’il me poursuive ainsi ? Mais pourquoi lui en vouloir ? Il est plus à plaindre que moi. Ma position est triste, sans doute, mais le fut-elle encore davantage, non, très certainement, je ne voudrais pas changer avec lui.«  Exprima Louis XVI comme nous le rapporte l’abbé.

Le Roi eut l’occasion de retrouver sa famille qui lui fut amenée, sa sœur, sa femme, sa fille et son fils. L’entrevue était sous bonne garde, elle dura plus de deux heures. Il faut dire que le Roi avait été interdit de tout contact avec sa famille depuis le 11 décembre 1792. Le moment fut poignant et beaucoup de larmes furent versées à l’annonce des nouvelles par le Roi. La famille se retira sous les recommandations de Louis XVI qui conclut en affirmant qu’ils devaient pardonner ceux qui le faisait mourir. Il fut convenu de les revoir le lendemain matin à 7h.

Louis XVI n’eut alors plus qu’une chose à l’esprit. Préparer son salut. Il échangea avec l’abbé, et exprima son désir le plus ardent, recevoir la Sainte Communion et assister à la messe avant de quitter la prison du Temple. Le prêtre demanda alors l’autorisation de faire venir hostie et le nécessaire pour assurer la messe. Après de longues tergiversations bureaucratiques, sa demande fut acceptée. Tout était prévu pour être réglé avant 7h le lendemain. Jusqu’à 2h du matin les deux hommes restèrent en prières et Louis se confessa, le cœur léger. Louis XVI demanda à l’abbé d’être réveillé à 5h. Le Roi s’endormit paisiblement, on entendit même ses lourds ronflements de son imposante carrure à travers les murs. 

 

L’exécution:

    Le matin, l’abbé improvisa un autel et servit la messe. Le Roi resta en prière après la messe et dit à l’abbé: « Mon Dieu, que je suis heureux d’avoir conservé mes principes ! Sans eux où serai-je maintenant ? Mais avec eux, que la mort doit me paraître douce ! Oui, il existe en haut un juge incorruptible qui saura bien me rendre la justice que les hommes me refusent ici-bas.«  À 7h, il fut prêt, l’abbé et le Roi vinrent d’accord sur le fait de ne pas revoir ses proches, afin de ne pas leur infliger une seconde fois la peine d’adieux déchirants. La reine ne l’aurait pas supporté. En essuyant ses larmes, le Roi dit à l’abbé:  » Je vous charge de leur faire mes adieux« .

Ce lundi 21 janvier, le brouillard était épais, il faisait un froid d’hiver et il avait neigé. Paris était alors sur le pied de guerre. La capitale était en armes depuis les premières heures de la nuit. Le Roi fut mis dans une voiture avec l’abbé. Le moins que l’on puisse dire,  c’est qu’il était sous bonne garde. Les révolutionnaires craignaient par-dessus tout qu’on l’enlève, ou que surgisse une révolte de pitié. Sur tout le trajet qui le conduisit de la prison du temple à la place de la Révolution, une armée de 80 000 gardes nationaux avait été mobilisé pour l’occasion. Tous étaient stationnés le long du parcours, baïonnette au canon. On avait aussi  fait venir les gendarmes et la cavalerie, ainsi que 1500 gardes nationaux pour protéger les prisons. Sur tout le parcours les volets des habitations étaient fermés par ordre des autorités. Face à cette démonstration de force et de fébrilité, le Roi lisait avec calme la prière des agonisants.

Le cortège arriva sur la place. La foule était présente. Une foule d’au moins 20 000 hommes. Louis descendit de la voiture, jeta un dernier regard désespéré vers l’abbé. Ce dernier s’écria alors qu’on le montait sur l’échafaud:  » Sire, dans ce nouvel outrage, je ne vois qu’un trait de ressemblance entre Votre Majesté et le Dieu qui va être sa récompense. » Le Roi fut apaisé, lui qui protestait vigoureusement contre le fait qu’on l’attache et qu’on lui fasse enlever sa redingote. Le Roi se tint avec toute sa majesté et s’adressa à la foule:  » Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France.« 
Louis XVI fut lié à la planche, la tête fut fixé sous le couperet. La lame tomba. Jean-Christian Petitfils, dans sa magistrale biographie de Louis XVI, raconte:  » Tout s’était passé avec une extrême brièveté. Selon le procès-verbal, signé à l’hôtel de la Marine par deux membres du directoire du département de Paris, […] la voiture était arrivée à 10h20. À 10h22, la victime montait à l’échafaud, une minute plus tard, le couteau de la guillotine tombait. » Par la suite, dans le journal le Thermomètre du jour du 13 février 1793, l’exécuteur de Paris en personne, Charles Henry Sanson décrivit l’attitude du Roi:  » Pour rendre témoignage à la vérité, il a soutenu tout cela avec sang-froid et une fermeté qui nous a tous étonnés. Je reste convaincu qu’il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion, dont personne plus que lui ne paraissait pénétré ni persuadé.« 

 

En ce jour, souvenons-nous du martyr du Roi, assassiné par la Révolution et concluons sur cette célèbre phrase de Balzac:  » En coupant la tête à Louis XVI, la Révolution a coupé la tête à tous les pères de famille; il n’y a plus de famille aujourd’hui, il n’y a plus que des individus.« 

LE ROI EST MORT ! VIVE LE ROI ! 

Source: Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, éditions Perrin.

 

Article par Le Cosaque du Réveil des Moutons 

 

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